02/03/2010

RETRAITES : MOBILISONS-NOUS !

La semaine passée, la CGT de Romilly a organisé un intéressant débat sur la question des retraites.

Près de 60 personnes ont pris part à une réunion pédagogique, suivie d’une discussion et des propositions de l’organisation syndicale. Cette démarche, étape des huit réunions publiques qui seront organisées dans l’Aube, traite un sujet au cœur des préoccupations majeures des français.

HISTORIQUE :
- Clair et précis, le diaporama commenté par Marcel Renaud retraçait l’historique. Si d’abord les personnes âgées étaient prises en charge par la famille, la révolution industrielle et le développement des grands travaux allaient être source d’aspirations nouvelles pour achever sa vie. Un premier système pour des catégories particulières (marins, militaires...) jeta les bases des régimes spéciaux avant que le secteur privé n’en développe un.

- De 1928 à 1930, les assurances sociales naissaient. C’est dans la période 1945-1975 que le régime général se mettait en place, à l'initiative du Conseil National de la Résistance qui est à l’origine d’autres avancées sociales conséquentes. A partir de 1947, toute la population a pu bénéficier de l’assurance vieillesse dans le cadre du régime général. En 1956 est instauré le fond de solidarité et le minimum vieillesse par une retraite minimum aux plus de 65 ans.

- L’exposé s’est poursuivi par l’explication des différents systèmes et régimes sans oublier de mettre en garde contre les risques d’une éventuelle instauration d’un principe basé sur l’individualisme ; l’aléatoire au détriment de la solidarité. Pour les négociations prévues au printemps sur l’avenir des retraites, Marcel Renaud rappela les objectifs du MEDEF fondés sur trois piliers : régime actuel, épargne individuelle ou collective des fonds de pension (facultative), développement du cumul emploi-retraite (facultatif).

PROPOSITIONS DE LA CGT:
La retraite est un enjeu de société, les jeunes accèdent de plus en plus tard à l’emploi, les seniors en sont souvent exclus, la précarité demeure.
- Quel que soit le parcours professionnel, 60 ans doit rester l’âge légal de départ à la retraite, en fonction des métiers, de la pénibilité des carrières, des aléas (accidents du travail ou de la vie), l’âge peut varier entre 50 et 55 ans.
- Le système par répartition doit rester la base du financement, en élargissant le champ des cotisations au-delà du montant du salaire (primes par exemple).
- De nouveaux financements sont indispensables en fonction des nouveaux besoins sociaux, du défi démographique et de l’augmentation de l’espérance de vie.

Cela ne doit pas justifier la démolition du système, bien que le chômage diminue les rentrées de cotisations.
- Il est indispensable de moduler l’assiette de cotisation basée sur une politique en faveur de l’emploi.
- L’entreprise doit aider au financement des retraites de ses anciens salariés.
- Les cotisations patronales doivent augmenter, celles des salariés aussi à condition d’une amélioration visible du niveau de vie.
- Réindexer les pensions sur les salaires.
- 5 à 6% du PIB doivent aller aux retraites.
- Taxer les stock-options.
- Création d’une maison commune du régime des retraites
- Appliquer le socle commun de garantie applicable à tous les régimes.
- Assurer un vrai droit, programmer les financements, garantir les prestations définies.
- Avoir des repères d’âge.
- Prendre en compte les périodes d’étude dans les trimestres de calcul.
- Refuser la capitalisation inéquitable, dangereuse et illusoire.

LE DEBAT :
- Au cours du débat qui a suivi cet exposé, certains points ont été relevés. Alors que la productivité et les profits augmentent, il semble aberrant de vouloir faire travailler plus pour toucher une retraite. D’autant que le coût moyen du travail en France est plus faible que dans certains pays tels l’Allemagne, l’Angleterre, le Danemark par exemples. Les retraités sont aujourd’hui 14 millions sur notre territoire mais 7 millions perçoivent moins de 1 000 euros chaque mois. Toute retraite ne devrait-elle pas être au moins égal au SMIC ?

- Le gouvernement se doit d’expliquer ce qu’ont provoqué les actions de la droite au pouvoir en 1993 et 2003 sur cette question. La CGT craint une remise en cause du système. Il faut combattre l’idée qu’il est incompatible avec l’augmentation de la durée de vie. Il est incroyable qu’un régime de retraite performant mis en place à la fin de la seconde guerre mondiale, alors que le pays était dévasté, soit aujourd’hui remis en cause alors que les profits augmentent. Est-ce sérieux ? Comment travailler plus afin d’avoir une meilleure retraite au regard des plans sociaux qui se succèdent actuellement ? Le souci est le manque d’emplois.

- C’est l’orientation de l’argent qui est en cause, il existe mais sa redistribution est inéquitable. Les salariés créent les richesses, il est normal qu’ils touchent leur part en fin de carrière. Une première journée de mobilisation est prévue le 23 mars, il faut souhaiter que l’unité syndicale sera de mise, elle doit primer sur cette question.
Dany Bouteiller

16 commentaires:

Anonyme a dit…

Excellente intervention qui reflète bien ce qui s'est dit.

BRAVO

Anonyme a dit…

Le débat des retraites est un enjeu de civilisation.

Il conditionne une part de l'existence de chaque être humain.

Son défi est la sécurisation de la vie de chacun.

Patrick

Anonyme a dit…

Cette pèriode de la vie recoupe une multiplicité de questions telles que l'emploi, le partage des richesses produites, l'avenir des jeunes et l'activité de ceux qui accèdent à la retraite après avoir contribué au développement économique, social, humain de la collectivité.

Ce droit est à inscrire dans les mutations de la société.

Anonyme a dit…

Les premières victimes d'une nouvelle "contre réforme" seraient les jeunes. Reculer l'âge de la retraite aggraverait le chômage qui touche déjà 25% d'entre eux.

Vaut-il mieux qu'une personne de 60ans soit à la retraite ou qu'un jeune de 25 ans soit au chômage ?

Les grands de la finance n'ont pas les mêmes réponses qui ceux qui ont pour préoccupations l'épanouissement de l'être humain.

Anonyme a dit…

L'avenir est du côté de la protection sociale, de la sécurité de vie, pas du côté d'un système d'assurance privée et de retraite basée sur l'individualisme et des logiques financières.

Patrick

Anonyme a dit…

Le projet humain moderne dans une société axée sur le vivre ensemble, doit imposer une sécurité de vie, régénérer le système des retraites par répartition et non celui par capitalisation où seuls ceux qui peuvent se payer une retraite peuvent y prétendre.

L'avenir n'est pas du côté des retraités qui ont tout perdu avec la faillite de leurs fonds de pension.

Gérard M.

Anonyme a dit…

Sarkozy et le grand patronat cherchent à susciter l'angoisse pour faire croire que le recul de l'âge de la retraite est inéluctable, tout comme l'abaissement du niveau de pensions ou encore l'augmentation des cotisations.

Ce serait le pire des choix

Anonyme a dit…

Le droit à la protection sociale et à la retraite fit imaginé par Ambroize Croizat puis conforté avec la retraite à 60 ans, par le gouvernement de gauche élu en 1981.

Mais depuis, la droite, en abaissant les cotisations patronales, poussant aux heures supplémentaires, éxonérant des cotisations sociales, autorisant le cumul emploi-retraite sans limite de revenu, mène à des impasses.

C'est un réel recul de civilisation.

Anonyme a dit…

Le financement des retraites n'est pas mis en cause par l'augmentation du nombre de retraités.

Si au début des années 60, la part de la valeur des richesses servant àpayer les retraites était de près de 5,6%, elle est passée à 13% en 2007.

MAis ce sont les gains de productivité du travail qui l'ont permis sans que l'économie en souffre.

De 1960 à 2008, la productivité du travail , combinée aux avancées technologiques a augmenté de 70%

MAis la part de la valeur ajouté des sociétés non financières a diminué de 8,8%

Par contre, la part des profits a augmenté exactement de ce même montant, 8,8%
A l'intérieur de cette part, celle consacrée au versement des dividendes des actionnaires est passée de 3,1 à 8,4%

Il s'agit d'une accentuation de l'extorsion de plus values par les détenteurs de capitaux sur le dos des gens qui travaillent.

Anonyme a dit…

Le conseil d'orientation des retraites évalue à 0,3% le gain de productivité annuel pour maintenir le rapport entre le revenu moyen des retraités et celui des actifs pour les 50 ans à venir. Ce même conseil , s'appuyant sur des prévisions officielles, évalue le gain de productivité annuel possible à 1,8%

Anonyme a dit…

C'est la preuve que derrière les projets de contre réformes se cache un débat fondamental. A qui profite la valeur ajoutée produite en France ? Aux actionnaires, aux revenus financiers ou à la société ? Aux créateurs de richesse que sont les travailleurs manuels ou intellectuels ?

Telle est l'alternative et le niveau de débat à mener.

P.M

Anonyme a dit…

Les taux de cotisations patronales n'ont cessé de diminuer et les éxonérations de se multiplier.

Le chômage et la précarité progressent.

C'est le haut niveau de protection sociale et de service public qui a permis de développer le pays.

Le niveau d'emploi et de salaire est la question décisive pour la protection sociale.

Une augmentation des rémunérations du travail et la sécurisation des parcours professionnels pour abolir le chômage annuleraient tous les déficits des caisses de protection sociale et de retraite.

La menace des retraites n'est pas l'allongement du niveau de vie, c'est le chômage et la précarité

Anonyme a dit…

La totalité des éxonérations fiscales et sociales , certains avantages fiscaux indus accordés à une certaine épargne par capitalisation représentent 140 milliards d'euros chaque année.

Si on mettait les revenus financiers , qui ne participent pas au financement de la protection sociale, à contribution, il n'y aurait aucun déficit.

Cela rapporterait au moins 22 milliards d'euros. Une grande politique de recherche et d'industrie permettrait de solidifier les caisses de protection sociale et de retraite.

100 000 emplois, ce sont 2 milliards d'euros de cotisations sociales.

Storphet

Anonyme a dit…

Derrière l'enjeu du financement des retraites, il y a en fait celui de la nature de notre vie en société. Il pousse à un réexamen des choix comme ceux des heures supplémentaires, du retour aux 35 heures, du contrat de travail sécurisant contre la précarité du travail et de l'activité des individus, de leur pénibilité physique et psychique, de la formation tout au long de la vie, du rôle nouveau des retraités de passeurs de connaissances, d'expérience pour les nouvelles générations. Souhaitons ce débat public, politique au sens noble du terme puisque traitant du devenir de notre société.

Anonyme a dit…

Une femme retraitée sur deux perçoit moins de 900 euros de pension.

4 millions de retraités perçoivent 579 euros par mois.

Comment vivre avec si peu ?

En allongeant la durée de cotisation et en faisant reculer l'âge de la retraite, c'est une baisse généralisée du niveau de pension qui sera proposé.

Beaucoup refuse ce piège, il est possible de maintenir le droit à la retraite à 60 ans avec des bonnes pensions, aucune ne devant être inférieure au SMIC.

Il est possible de traduire le gain de productivité et l'allongement de la durée de vie en temps libre supplémentaire

SOFA

Anonyme a dit…

Les salariés, tels ceux de chez Total, et les fonctionnaires qui se battent pour une politique créatrice d'emplois ou pour une fonction publique au service des usagers, sont en fait les meilleurs réformateurs du système de retraite.

N'oublions pas ! 100 000 emplois supplémentaires = 2 milliards supplémentaires pour les caisses des cotisations sociales.

Cécile