09/09/2009

CINEMA "EDEN" : LES BATISSEURS ET LE PETIT FAISEUR

Sur qu’on n’y échappera pas dans le prochain bulletin municipal : le maire, pinceau à la main, devant notre cinéma qui sent encore la peinture fraîche et la moquette neuve !

- Il y a ceux qui font « du » cinéma devant les objectifs ; il y eut ceux qui, voilà 25 ans, ont bataillé dur pour faire « un » cinéma à Romilly qui fut, à l’époque, le 1er cinéma à gestion publique de Champagne-Ardenne. Sa pérennité démontre que la solution retenue n’était finalement pas si mauvaise.

14 avril 1984

- C’est la presse au stade municipal et devant le cinéma Eden : 3 000 personnes participent aux festivités organisées pour l’inauguration-résurrection de l’ancien cinéma muet du « Père Cassis », le fondateur en 1913 de l’Eden, fermé depuis plusieurs années. Je me souviens encore des trois cinémas d’alors, destinations de nos sorties d’ados de fins de semaines : L’Eden, le Casino et le Celtic. Leurs projecteurs se sont hélas éteints l’un après l’autre, victimes de la concurrence des salles troyennes, plus modernes et à l’affiche plus attractive. L’Eden eut son baroud d’honneur et vivota un temps de ses « Visiteurs du soir », fidèles de la séance de minuit. Bref…

- 14 avril 1984 : Marcel Carné, bedaine rebondie, dialogue en aparté avec le frêle et élégant François Truffaut. Deux « gueules », deux époques, deux cinémas différents. Que se sont-ils dit ? Nous ne le saurons jamais. Et vient le moment tant attendu de couper le ruban. Le maire, Maurice Camuset, prend la parole : « En redonnant vie au cinéma Eden, nous faisons battre un nouveau cœur d’animation, de loisirs et de culture…nous renouons avec une réalité et une tradition locale extrêmement populaire... Notre Conseil municipal en est particulièrement fier ». Et il pouvait l’être !

Une bataille de plusieurs années
- Depuis les premières solutions envisagées, en particulier de trouver d’éventuels repreneurs privés, jusqu’à la décision puis la mise en œuvre d’une solution municipale, que d’obstacles à surmonter, que de réticences à droite, mais aussi quelle opiniâtreté, quelle persévérance pour obtenir des subventions du ministère de la Culture, de la région et du département afin de ne pas alourdir les impôts locaux. Sur un coût total de 7,3 millions de francs de l’époque, ne seront à la charge de la commune qu’environ 4,5 millions. « Avec vous tous, je crois que nous avons bien travaillé ! » dira Maurice Camuset, pour qui la culture n’était pas un sujet subalterne. Les temps ont bien changé à Romilly !

Cinéma public, cinéma social
- Vint ensuite une seconde tranche de travaux qui vit l’ouverture de la salle Claude Lelouch, donnant à l’Eden la configuration que nous lui connaissons aujourd’hui. « Cinéma public, cinéma social » : telle fut l’ambition phare de cette réalisation. « Cinéma public veut dire cinéma populaire, donc social » déclarait la municipalité de l’époque en établissant des tarifs étudiés pour « rendre possible l’accès de cet équipement à tous, sans aucune exclusion. » Et l’on peut dire aujourd’hui que le « nouvel » Eden a bien rempli son rôle.

- Alors, que l’actuel maire nous en fasse tout un plat autour de « sa » restauration ne nous fera pas oublier à qui nous devons cet équipement. La droite eût-elle été à cette époque à la direction des affaires communales, on imagine assez bien quelle aurait été sa politique en la matière. Politique au sujet de laquelle, le conseiller municipal communiste, Joë Triché, a déclaré lors d’un récent conseil municipal qu’il espérait « qu’elle ne se résumerait pas à de simples ravalements de façades. »

- L’Eden a encore un long chemin devant lui. Tous ceux qui ont contribué à ce qu’un tel équipement voie le jour, à le faire vivre au service de la population peuvent en être remercié. Et puisqu’il vient de faire peau neuve, adressons-lui de nouveau le vœu de Maurice Camuset : « permettez-moi… de lui souhaiter très cinématographiquement : Et vogue le navire ! ».
Rémi
- Notre photo : Marcel Carné et Maurice Camuset inaugurant le nouvel Eden.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bravo Rémi pour ce texte qui remet les choses à leur juste place.

Vous oubliez une chose, c'est de signaler que ce cinéma fut une des composantes qui a permis à Romilly d'être élue par France 3 Champagne-Ardenne ville la plus dynamique de la région en 1985.

Merci à la gestion d'union de la gauche et à son Maire communiste de l'époque.

Jack Marcel