
En juillet dernier, les salariés occupaient jour et nuit le site du Joint Français à Maizières. Pour mieux comprendre et découvrir cette société, l'espace-citoyen a rencontré Régis Garnichat.
Régis, peux-tu nous expliquer ce que représente le Joint Français ?
- Sur Maizières, c'est trente salariés en CDI avec un volet d'intérimaires d'environ dix personnes.. Cest une dizaine de salariés extérieurs (maintenance, entretien, ménage et gardiennage). Nous produisons à 80% des produits pour l'automobile, solvants, étanchéité... et à 20% des produits pour le bâtiment, mastic, joints... Nous faisons partie de la branche chimie. Le Joint Français est affilié au SNC Le Joint Français (composé de cinq sites en France dont Bezons dans le Val d'Oise) qui est affilié au groupe Hutchinson, soit vingt sites avec 10 000 salariés, qui est affilié au groupe Total.

Qu'est-ce qui a déclenché votre mouvement en juillet ?
- C'est l'annonce du projet de transfert de notre activité sur Bezons dans le Val d'Oise avec des propositions de reclassements là-bas ou sur les autres sites. Les salariés ont immédiatement voulu exprimer leur désaccord et exiger le maintien du site et des emplois sur Maizières.
Quels arguments vous confortent dans cette lutte ?
- Les bénéfices nets de la SNC/LJF, c'est trente millions d'euros. Les bénéfices nets de Hutchinson représentent 320 millions d'euros en 2010 et 2011 s'annonce aussi profitable. Pour Total, c'est dix milliards en 2010. Le Joint Français à Maizières, c'est environ neuf millions de chiffre d'affaires. Pour ces géants, récupérer ces quelques millions de CA, c'est tout de même pas essentiel, par contre pour les salariés et leurs familles, leur travail ici, c'est vital.
Après le vote de la reprise du travail, quel est l'état d'esprit des salariés ?
- C'est vraiment le sentiment du pot de terre contre le pot de fer. Et malgré des témoignages de solidarité, ils se sentent pour l'instant assez seuls dans ce combat.
La reprise du travail s'est faite fin août, quelle est la situation actuellement ?
- Il y a du travail, le carnet de commandes est bien rempli, par contre tous les produits fabriqués sont vidés du site et stockés sur Troyes, on se demande pourquoi ? Dans le protocole de fin de conflit, nous avons obtenu qu'il n'y ait aucune sanction et des facilités pour la paie, mais sous un calme apparent, la direction manoeuvre. Même si elle vient d'être contrainte d'y renoncer, elle vait mis en place un point-conseil malgré l'absence d'un vote officiel de CCE. Des visites ont été organisées sur les différents sites. Onze salariés pourraient bénéficier de la préretraite Amiante. Pour une mesure légitime, elle espère ainsi faire passer la mort du site.
Alors, Maizières c'est fini ?
- Absolument pas, on ne se résigne pas. On ne peut pas accepter de mettre cinquante familles dans la tourmente, dégrader encore plus l'emploi, les activités dans un département déjà sinistré pour un "caprice" de milliardaires à savoir toujours plus de profits.
Quelles actions envisagez-vous ?
- Nous utilisons déjà tous les moyens du CE : expertise comptable afin de démontrer la viabilité du site, expertise du CHSCT sur les risques psycho-sociaux induits par ces déménagements. Au niveau syndical, nous voulons mettre en place une solidarité et une coordination sur tous les sites du groupe Hutchinson.
Et plus spécifiquement au niveau du site local ?
- Nous réfléchissons à des actions plus spectaculaires de sensibilisation dans les médias et dans la population. Nous voulons aussi interpeller les élus politiques. Dans le département, nous avons des maires, un député, un ministre de l'économie et des finances, François Baroin. A les entendre, leur souci majeur, c'est l'emploi, l'emploi, l'emploi. Alors qu'est-ce qu'ils attendent pour favoriser le maintien des emplois sur le site de Maizières ?
Un dernier mot à ajouter ?
- Simplement, l'emploi, c'est la vie pour les salariés, les familles, c'est la vie pour les communes. Il faut tous se mobiliser pour sauver de la mort le site de Maizières.
Interview réalisée par Ginette Triché