
- 22 caméras sont promises d’ici la fin de l’année pour un coût de 366 000 euros hors-taxes (dont 40 % à la charge de la commune). Système de prévention contre la criminalité et de contrôle social pour les uns ; inefficace, cher, et portant atteinte à la vie privée pour les autres, l’approche d’études diverses nous permet de nous faire une opinion plus juste. Il reste que cette mise en place est liée à une politique sécuritaire de l’UMP. Après l’instauration d’un plan de vidéo-protection en 2007, une circulaire réglementaire de février 2009 « relative aux objectifs en matière de sécurité intérieure », de Michèle Alliot-Marie fixait l'objectif de « parvenir à 60 000 caméras sur la voie publique d’ici 2010 ».
BILAN :
- Plusieurs études statistiques ont tenté d’établir un bilan des politiques de vidéo-surveillance en France, mais certaines initiatives se sont heurtées au coût élevé et aux questions de mise en œuvre qui les ont conduites à l’échec. Depuis le début des années 2000 cependant, la plupart des rapports concluent à l’inefficacité de la vidéo-surveillance. Seulement 3% des délits sont résolus avec l’aide des caméras. Si ces dernières garantissaient la sécurité des citoyens, les villes les plus équipées seraient les plus sûres au monde ! Mais ce n’est pas le cas du fait des limites techniques des caméras, de l’incapacité de la police à gérer les flux d’images et des capacités d’adaptation des délinquants. La vidéo-surveillance ne réduit pas la criminalité mais la déplace vers des zones non surveillées.
VIDEOS-CAMS ET VIE PRIVEE :
- Les détracteurs des politiques de vidéo-surveillance leur reprochent de porter atteinte à la vie privée et de nuire aux libertés publiques. Ils rappellent que les caméras ne réduisent pas le crime. 2 questions concentrent les critiques : l’efficacité des politiques et leur coût en termes de destruction du droit à la vie privée. Des organisations formulent des catégories d’objections : le fichage généralisé résultant de l’extension des moyens de contrôle, la perte de convivialité dont la surveillance est le symbole, la possibilité de croisement des images avec d’autres informations telles les déplacements, les paiements, etc. D’autre part, les images de vidéo-surveillance ne constituent pas une preuve légale. Leur rôle, du point de vue de la procédure pénale, est de servir davantage d’indice aux enquêteurs sans établir la preuve formelle de la constitution d'un délit.
UN COMITE D’ETHIQUE : POUR FAIRE PASSER LA PILULE ?
- L’un des stratagèmes pour faire accepter à la population les technologies de surveillance est de rédiger une charte de déontologie et de nommer un comité d’éthique. C’est même une démarche de plus en plus recommandée par les promoteurs… Et régulièrement, la composition du comité ne laisse planer aucun doute : une majorité de ses membres appartiennent à des milieux qui encouragent ou vivent de la vidéo-surveillance, directement ou non !
Dany Bouteiller