26/05/2010

LA SO.MU.CO. A SOUFFLE SES 90 BOUGIES !

Le 18 mai dernier, les 90 ans de la SO.MU.CO. ont été dignement fêtés à la salle François-Mitterrand de Romilly.

- L'après-midi fut consacré à l'exposition créée par la commission du conseil d'administration qui retraça quelques moments de la vie de l'établissement, axée sur l'économie sociale fondée sur les bases d'entraide et de solidarité. Dans son intervention, le président Gilles Ponti souligna la volonté de ne pas délaisser les victimes des inégalités de notre société. Il retraça brièvement l'historique de la structure et présenta l'activité actuelle. Il s'ensuivit une intervention de Pascale Vatel, membre de la direction fédérale de la Fédération des Mutuelles de France. Le point d'orgue de l'après-midi fut le débat mené par Bernard Teper, président de l'Union des familles laïques, concernant la sécurité sociale. Près de 150 personnes purent apprécier la qualité de l'intervenant, pédagogue et excellent orateur.

LES FRANCAIS ET LA COUVERTURE MEDICALE :
- Quelques chiffres illustrèrent le début de l'intervention : 68% des Français sont favorables à un système solidaire avec financement collectif, 70% souhaitent plus d'égalité dans les soins, 86% sont contre l'affaissement de la sécurité sociale, 89% contre les forfaits dans les soins, 92% dénoncent le manque de structures pour les problèmes d'autonomie de la personne et 70% regrettent le manque de prévention. La désertification médicale prend de l'ampleur et, d'autre part, 17% des assurés renoncent à certains soins à cause de problèmes financiers. Cette proportion touche aussi les adhérents des mutuelles. La marchandisation accroît le phénomène (24% des complémentaires-santé) sont souscrits auprès de sociétés privées d'assurance.

LA VOLONTE DE MODIFIER LE SYSTEME DE SANTE ET LE REMBOURSEMENT DES SOINS :
- De 1982 à 2007, dans un contexte de crise, les "dirigeants de ce monde" connaissent des difficultés avec les entreprises traditionnelles (chômage et donc baisse du pouvoir d'achat). Pour augmenter les profits, l'investissement a été orienté dans les secteurs où la population dépense (école, protection sociale...), d'où la marchandisation. Le budget de la protection sociale est une manne qui représente plus du double du budget de l'Etat... et beaucoup de convoitises. Alors, pour "obliger à réformer", des dogmes sont imaginés tel le "trou de la sécu". Est-ce réel ? Quelles en sont les causes ?

- La répartition des richesses produites en France était à 70% pour les salaires et les cotisations sociales, 30% pour les profits en 1982. En 2007, le rapport était de 60%-40%. La part des profits a augmenté de 9,3% du produit intérieur brut (PIB), 183 milliards d'euros. En 2010, "le trou de la sécu" est prévu à 30 milliards d'euros. La seule cause est la déformation de la valeur ajoutée. Cette transformation de la répartition des richesses ne sert pas l'investissement en légère baisse sur 25 ans, mais la part des actionnaires et le financement des économies parallèles via les paradis fiscaux. Seulement 11% de la richesse sont utilisés dans les dépenses de santé.

PROCESSUS DE PRIVATISATION :
- La sécurité sociale a été créée en 1945 par le Conseil national de la résistance ; elle reposait sur le principe de solidarité pour tous. Petit à petit, celui-ci fut attaqué car la sécurité sociale échappait au privé et au public, gérée jusqu’en 1989 par les représentants élus par les assurés sociaux. C’est dans cette période que les avancées dans le domaine de la recherche furent les plus remarquables. En 1967, les ordonnances du général De Gaulle privèrent les élus de pouvoir avec pour objectif d’étatiser afin de mieux privatiser ensuite. La droite a instauré nombre de réformes en ce sens mais aussi la gauche avec la création du forfait hospitalier en 1983.

- En 1995, les contre-réformes Juppé étatisaient un peu plus la sécurité sociale avec un directeur qui possédait tous les pouvoirs et un budget voté par le gouvernement. Des structures qui allaient tendre à privatiser le système hospitalier, lui laissant les profits et socialisant les pertes. En 2001, le code de la mutualité fut transformé en fonction des directives européennes, les mutuelles devant avoir les mêmes règles que les assurances. La privatisation de l’hôpital public s’instaura dès 2002 et l’année suivante, le rapport Chadelat proposait de réduire les remboursements de la sécurité sociale (donc un accroissement de la part des complémentaires-santé).

- L’argent fut transposé du camp du monde du travail aux actionnaires, au bénéfice des firmes internationales de l’assurance. En 2004, l’instauration des franchises a eu pour répercussion la hausse du trou de la sécurité sociale (les usagers fréquentant le service des urgences plus coûteux). Depuis que R. Bachelot est ministre, la politique conduite permet à l’hôpital d’être géré comme une entreprise avec un directeur qui concentre tous les pouvoirs, des agences régionales de santé avec un directeur nommé par le président de la République.

QUELLES ALTERNATIVES ?
- Transformer la logique de soins en logique de santé.
- Financement solidaire axé sur les besoins et non les profits.
- Hausse des remboursements de la Sécurité Sociale afin de pallier les inégalités sociales malgré le travail des mutuelles.
- Rompre avec le système où le président nomme chacun et revenir à la démocratie pour définir les choix.
- La recherche pharmaceutique doit se développer.
Pour cela, les citoyens doivent se mobiliser car le pouvoir médical est rabaissé.

11 commentaires:

Anonyme a dit…

Trop souvent, dans notre pays, le temps de la politique par mots, par promesses, par pressions, s'est imposé. Des idées dominantes assénées à l'envi finissent par se trouver ancrer dans les esprits. Si erronées ou réductrices qu'elles puissent être, elles finissent par acquérir, par leur simple et incessante répétition, le caractère de vérité établie. On ne saurait les mettre en doute sans se heurter à la vindicte, voire à l'ostracisme de multiples groupes de pression. Bravo à cet article qui rétablit la vérité.

MAX

Anonyme a dit…

Dans ces conditions, faut-il s'étonner du pessimisme croissant de bon nombre de nos concitoyens, pessimisme alimenté par tant de sentences défiantes, corrosives pour le vivre ensemble ?

Anonyme a dit…

Que des gouvernants puissent parfois déclarer que la société est responsable de l'impossibilité d'effectuer les réformes pourtant indispensables et de l'échec de celles que leur sagacité les autorise à imposer interroge sur l'attention portée à l'équilibre social et humain de nos sociétés

Anonyme a dit…

Il y avait naguère un principe fondamental du droit : ne pas engendrer une situation pire que celle que la mesure en question cherche à corriger. Qu'il s'agisse des attaques répétées contre le service publlic, l'Education Nationale ou les fonctionnaires, contre la sécurité sociale, bien commun des Français depuis plus de 65 ans. Qu'il s'agisse des fondamentaux du dialogue social que certains, sous prétexte de modernité, ne supporte que difficilement. Or, on ne peut ainsi rejeter l'avis de nos concitoyens impliqués, engagés, militants, au prétexte qu'ils ne participeraient pas des "lumières de la technocratie"

Anonyme a dit…

Technocratie dont il faut reconnaitre qu'elle n'intègre plus d'autres propositions que celles issues de ses rangs, de sa raison classificatoire, de ses conceptions. Technocratie de la finance, de l'assurance dont il faut malheureusement constater que les évènements tellement graves des 3 dernières années ne lui ont rien appris. Indifférence aux conséquences désastreuses d'une sophistication excessive des produits, d'une segmentation outrancière des risques et d'une myopie sur leur véritable nature. Il s'agit de l'idéologie de l'intérêt, de la marchandisation du monde, de la croyance dans les mécanismes fantasmatiques de régulation automatique

COUSIN

Anonyme a dit…

Mais lorsque la privatisation des profits s'accompagne d'une socialisation massive des pertes en les imposant aux contribuables et aux cotisants, c'est inacceptable.
Dans le même temps, on donne au monde associatif et mutualiste des leçons de transparence, d'équité fiscale, de bonne gouvernance. Il faut avoir les nerfs solides pour garder son calme.

Anonyme a dit…

IL ne s'agit pas pour les mutualistes de camper sur leurs positions ou de se contenter d'une posture critique, mais il n'est pas dans nos habitudes politiques et sociales d'accepter sans rien dire. Il s'agit de proposer, de manière positive et dynamique, comme cela est fait en fin d'article.

Anonyme a dit…

Il est certain que des évolutions préoccupent. Comment anticiper, conforter, accompagner les meilleures ? Sans prétendre dommer des leçons. En travaillant d'abord sur nos propres réalisations. Le mutualisme, porteur de mouvement, d'humanisme, de solidarité, est notre différence

Anonyme a dit…

Les choix sont clairs : pour donner corps aux principes solidaires, continuons à appeler des cotisations en fonction des revenus, à proposer une protection complète, globale et sans discrimination

Anonyme a dit…

Il faut progresser dans l'écoute et l'accompagnement des mutuelles, en prenant mieux en compte les situations de vie et les parcours individuels, en intégrant plus que la santé dépasse les soins et que la prévention et la santé publique sont à promouvoir. Si nous avions une vision réductrice des choses, l'application des codes règlementaires, le remboursement, la gestion des dossiers, les actes et les soins techniques formeraient notre horizon.

Anonyme a dit…

A une époque où se crée un marché lourdement concurrentiel de la complémentaire santé et où se développe la mobilité de chacun, qu'elle soit désirée ou subie, exprimons la volonté d'agir en faveur de la cohésion, du rassemblement, de la convergence.